Les peuples que supprime
Hier une joie fauve et pieuse en raison
De l’Autre refusé pour la gloire du Même,
Me lèguent l’ombre de leurs noms flammés par un meurtre aveuglant.
Je me dis en mon cœur au deuil lourd tel un glas,
Non pour moi seul mais pour vous tous, les nuits farouches
Où les refuges cévenols
De chemises blanches scintillent.
J’écoute les dragons se camper dans les bourgs
- Consigne d’un monarque abjurant la justice
Pour la contrainte idolâtrée -
Fournir de huguenots les granges qui grésillent,
Dévorant de leurs feux
D’horreur les crépuscules.
Je n'oublie l'Évangile égorgé, la furie
Des Camisards aliénés dans la vengeance,
Résolus de nier des chrétiens d’autre bord
A la fourche, Ă la hache.
L’esprit juste peut-il fléchir vers l’amnistie
Pour cette bête à haine aiguë gîtée dans l’homme ?
Extrait de « Mémorial pour les charniers »
Manosque, 2000