Toussaint Médine Shangô - Une poésie planétaire, charnelle, mystique ...
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Grande Mosquée

Oubli des jours pétris de chair que parfois hante
La sainte nostalgie de se fondre au secret
D'une mosquée d'ombre et fraîcheur où se parfume
L'âme aux Signes du Livre, en présence de Lui .

Puissé-je, encor, longer la cour profonde,
Dallée de losanges, les fûts
Des arcades chaussés du bleu de leurs zelliges,
Le frémir d'une vasque où le front se dévêt
De la poudre du monde,
Puis me hausser vers l'accalmie
Majestueuse où se profile un millénaire
De nefs et de piliers
Vers le mihrab, rappel de sa Munificence ...

... Je vous évoque au plus obscur de mes yeux clos
Lampes réverbérées où vibre l'Immobile ...
Ma veille s'agenouille : un dôme, où ne chatoient
Que les Noms somptueux du Très-Haut, m'oriente .
L'oraison s'humilie
Sous les paupières de nuit vierge
Où se grave : " Nul Dieu
Si ce n'est Lui", calligraphie de feu ivoire .
Je psalmodie, primordial,
Absent du souvenir aux vestiges frivoles :
" Nul Dieu si ce n'est Moi" .
En un lieu sans lisières
Où le Vrai - hors l'effroi, le désir - m'amplifie,
Où la Parole en lettres pourpres
S'infuse aux battements
Précipités du coeur ! ( Tu as,tu as mémoire
De cet empire transparent qui te subjugue, ô prosterné !) ...

... Le seuil me restitue aux rumeurs, aux effluves
Des venelles, tandis
Que le visible encor se transfigure
Au diamant de mon regard ...
Toute chose revêt sa face coutumière ...

Je rouvre la spirale impure où mes pareils glissent, laissés
Les porches, les trouées bleuâtres des bains maures :
Elle dispose les témoins
Recueillis, dans leur sombre échoppe,
Sur leur Coran paré de cuir
D'où rayonne à jamais l'Origine vers l'âme
Pérégrinant vers le Retour ; à mon respect elle confie
Les pieux dont le songe est survol des impasses,
Les esclaves d'élite, et qui font resplendir,
Au plus craintif du sanctuaire
Intérieur, ces deux joyaux :
"L'Observateur, le Longanime" ;
Elle déroule avec l'encens et les parfums
Ses placides marchands de cierges, de rosaires,
Ses boutiquiers sur fond de soie et de velours,
Ses menuisiers blonds de sciure - ah ! leur salubre
Senteur de cèdre ! ... Je descends
Au coeur d'un vacarme limpide
Et sourd : ces dinandiers martelant, de concert,
Et soudain disloqués en cadences confuses,
Leur cuivre rouge ... Nulle issue, hors ces bas-fonds
Exhibant les fastes fétides
Des corroyeurs, des teinturiers
Sur leurs chevilles vernissées d'une irrespirable garance :
Seuls, dans l'ogive pure ajourant le rempart
Extrème d'un azur insigne,
Ces ravins d'immondices, lourds
De l'inlassable convoitise des buphages ...

Et voici que je touche à ce val où ciel et lointain
S'illuminent du "Sois !" qui, sans trêve, les fonde,
Sous les cigognes - leur lenteur et leur noblesse - dont les vols
Ont l'envergure des versets quand le Livre surplombe l'âme .

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